La naissance du besoin de dormir

dessin de Molly

Il était une fois un gentil petit garçon qui s’appelait Térribili. Il avait de grands yeux bleus qui regardaient partout, surtout quand la nuit arrivait. À la vérité, il était souvent inquiet, car il craignait de ne pas savoir où étaient ses affaires au moment de s’endormir. Terribilil avait peur de les avoir mélangées. Cela faisait rire son ami Léon, un lion, qui lui, le soir, une fois qu’il avait jeté ses crayons de couleur dans une boîte, ronflait à pattes fermées. Parfois même, il ronflait si fort que l’enfant se disait que, dormir comme ça : c’était vraiment de la chance…

Ils vivaient au bord de la mer et quand il faisait beau, tous les deux partaient avec leur matériel de peinture. Terribili voulait changer les chemins, les arbres et le ciel. Il imaginait du rouge, du violet ou du bleu orangé partout. Son copain dessinait aussi un autre monde, avec des angles tout-arrondi. Sur les plages, ils s’amusaient à saute-mouton, à saute-couleur. Mais le soir, s’ils étaient tous les deux fourbus d’avoir autant joué, Léon était le seul à tomber de sommeil. Car le garçon, lui, s’activait pour ranger tout leur matériel et de plus en plus il se trouvait très fatigué, complètement raplapla…

Si fatigué et si raplapla que son ami s’en alla chercher un conseil chez une amie-panthère qui avait une cabane dans les rochers dans laquelle elle faisait commerce de mystères.
— Moi tu me connais Fifi, je dors dès que je ferme les yeux, mais comment aider mon ami ?
— Tu as le temps d’attendre de fermer les yeux ? Ce n’est pas si certain ! plaisanta la belle en ajoutant : je te taquine, mais je veux bien essayer d’aider ce garçon !
— Merci, il s’appelle Terribili.
— Bonjour, Terribili, alors c’est toi qui ne dors pas, c’est bien ça ?
— Aujourd’hui, je peux bien le dire… Je crois bien que je n’ai jamais dormi…
— Comme je te plains !
— C’est un peu grave… Il a aussi peur de tout… Chuchota Léon à son amie.
— Peur de tout ? Avec toi, un lion, à ses côtés, c’est très étrange en effet ! s’exclama-t-elle.
— C’est une drôle de peur… Il a peur de mélanger les choses…
— Je vais vous donner une belle quantité de tisane à boire le soir et vous reviendrez me voir dans dix jours… déclara solennellement Fifi.

Le soir même, Léon s’activa pour préparer le précieux breuvage, mais pendant qu’il infusait, ses beaux yeux jaunes s’affaiblirent et sa crinière qui lui servait d’oreiller accueillit bientôt sa tête tout endormie.

Terribili qui respectait le sommeil de son lion, but tout seul sa tisane et ensuite commença à regarder toutes les feuilles qui la composaient. Comme la panthère avait été généreuse, cela lui prit toute la nuit… Le lendemain matin Léon fut bien déçu quand il vit son ami avec ses yeux cernés… assis à côté d’un tas de feuilles de plantes de toutes sortes rangées par taille et par catégorie.
Léon décida de ne pas attendre 10 jours. il demanda à son Terribili de grimper sur son dos et ensemble ils escaladèrent les rochers à la recherche de Fifi. Ils la trouvèrent la tête dans l’eau…
– C’est drôle ce qu’elle fait ! dit le garçon.
– Oh oui, chuchota Léon.
– Une panthère, ça ne va pas dans la mer !
– Rassure-toi, elle est prudente. Elle ne fait pas n’importe quoi.

L’amie sortit sa tête des vagues et vint vers eux. Les yeux émerveillés, elle leur dit :

– Il est revenu ! Dans nos rêves on a dansé…
– Le prince Campe ?
– Oui ! Quel hippocampe d’amour… j’y retourne A tout à l’heure.
Fifi avait l’air si tendre en trottinant vers son rocher. Le garçon chuchota à l’oreille du lion :
– Une panthère ne peut pas avoir un hippocampe comme amoureux dans le cœur !
– Tu vois bien que si. Ils se retrouvent et s’adorent.
– La tête dans l’eau ?
– C’est un autre monde !
– Je pourrais, regarder sous la surface de l’eau ? Même sans être amoureux ? Tu crois que c’est possible ?
– Et oui ! tu verras les poissons sont fabuleux !
– Oh ! je voudrais tellement rêver moi aussi…
– Pour entrer dans le pays des songes, il faut commencer par dormir, lui dit le lion.

Il se passa un long moment, pendant lequel Terribili réfléchit très fort et peut-être qu’il rangea quelques idées dans son esprit. Puis, il déclara :

– Je vais essayer !
– Pour démarrer le voyage, car dormir c’est voyager, tu le savais ça ? Il faut être très confortable.
– J’aime bien  !
– Pour bien t’installer, tu n’as qu’à mettre ta tête sur ma crinière,
– J’aime bien !
– Après tu penseras à ce qui te fait plaisir.
– Ah non ! mon plaisir c’est de ranger. Tu le sais bien !
– Alors, je te conseille de faire du tri dans tes plaisirs et de choisir d’être émerveillé par ce que tu imagines de beau sous la mer et puis, dis-toi qu’en vrai c’est encore mieux que ça… tu es prêt ?
– Oui… attends oui, je suis prêt, j’ai besoin de dormir ! déclara-t-il en bâillant.
La panthère qui passait par là, les vit tous les deux et s’exclama :
– Voilà comment naît le besoin de dormir !

Fifi avait tout à fait raison ! La naissance du besoin de dormir ce n’est pas compliqué, mais il faut parfois un peu d’aide pour le trouver, comme dans cette histoire.

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